PROPOS

 
Des poupins en landaus et des rêves en lambeaux.Tout un monde paumé qui  s'étonne  presque d'être là, prenant le frais dans  les allées des villes ou  attendant  on  ne  sait  quoi. Un beau tramway nommé  délire  qui emporte  sa cargaison:  des passagers comme vous et  moi.  Le chauffeur sait-il  seulement où se trouve le terminus? Des êtres de chair et de sang, des  apparences. 
Un pigeonnier pour  amoureux  transis  d' effroi, sans graines. 
Et  le  destin s'engrène,  égrenant  sa  rengaine. 
Un oiseau rare parade: une femme en majesté, trônant sur une baudruche.
L'impuissance  de  la  boursouflure. 
La saveur  so  british  de  l'absurde démasqué. Qui domine et qui perd?
Tel  se présente le monde  drôlatique  et  touchant  du  sculpteur  MarcTouret, l'homme au visage d'apôtre sans illusion et sans mission.
Le regard de l'artiste jubile, se moquant parfois de lui-même.
Ses oeuvres nous  renvoient à notre quotidien qui n'est pas vraiment flamboyant.Touret revisite les mythes. 
Celui de la vitesse qui raccourcit le temps.
Qu'est devenue la vie dans cette pantomime,cette déambulation débridée d'aujourd'hui? Un concept privé de sens, une coquille vide de sang,une exclusion sans merci. 
Touret  combat  avec  des  armes nuptiales.
                                                                                    Luis PORQUET
Ses sujets, ni glorieux, ni martyrs, sont ces pékins, héros de la vie quotidienne, qui poussent un landau, flânent en famille un dimanche après-midi, parfois certains jockeys impuissants enfourchent des mécaniques chimériques dans le sillage du baron de Münchhausen, des femmes-sofas s'allongent ou s'apprêtent. Mythe ou fantasmagorie sont toujours servis par un dessin puissant, très présent, qui force I'amateur a ne prendre sa part de rêve que là où le sculpteur I'a désiré, dans les déchirures ou I'équivoque de certaines formes, par exemple. C'est I'énergie confite dans le bronze, frisant sous les patines nacrées qui transcende les thèmes comme pour un “grand air” à la Scala quand le baryton touche au sublime avec pour seul argument une pauvre histoire de mari bafoué.
Cette façon d'étonner la vue, de toucher les sens avec un tel art de la déclamation m'entraîne souvent sur les chemins d'un Ligier-Richier, César ou Zadkine, là où I'art italien fusionne avec la profondeur gothique, là où le baroque s'installe (et dure toujours) accomplissant sa fonction de dynamiteur d'une esthétique “fin de siècle” emmitouflée dans le tweed et le cachemire.
                                                               Michel DENIS
    Les promeneurs sans yeux de  Marc Touret  sont  en arrêt  pour écouter, pour sentir. Effarouchés, ils effleurent les choses.
Que cherchent-ils ?
    Leur quête de la perfection - ou de la plénitude, plutôt que de la vérité - s'accompagne d'une élégance et d'une esthétique très raffinée qui nous éloignent du tourment de l'ascète écorché. Car enfin, Marc Touret est  un artiste dont la vision du monde et de l'homme est très lucide, fréquemment humoristique, et qui ne se laisse pas abuser par la prégnance d'objets inanimés. Détaché du monde, il l'est, lorsqu'il nous fait part du plaisir malicieux que lui procurent les conventions qui entourent le vêtement, ou quand il laisse filer son imagination  en  créant  des  véhicules  qui  ridiculisent  notre  propension  à  nous déplacer.                 L'homme est hors du temps.
    Mais en même temps, il étudie inlassablement la relation que nous nouons avec le monde archaïque des objets. Si nous sommes attachés à eux d'une manière qui souvent nous ravage, nous n'en sommes jamais totalement esclaves. L'expression suppliante d'une main, le recueillement mystique d'un visage braqué vers le ciel ou la clameur muette d'une silhouette qui s'étire vers l'au-delà, à la manière des statues de Giacometti montrent les aspirations contradictoires de l'humanité. L'objet serait-il le point de départ d'un mouvement spirituel ?
                                           
                                           Jean-Claude DELATTRES
    Moraliste distant mais exempt de froideur, car lié naturellement à la famille expressionniste par sa thématique subjective le plus souvent exacerbée, il cisèle fiévreusement dans son matériau les déflagrations organiques qui sous-tendent la destinée de ses groupes humains sans distinction sociale, d'âge ou de race déterminés.Ils'appuie pour cela sur une écriture analogique où symbole et métaphore s'affrontent en évitant de se neutraliser, puisqu'il y a chez lui un constant appel a I'imaginaire. 

    Modeleur éclairé, maître de ses ressources, il ploie son tempérament vigoureux a une austérité volontaire, où le concave, I'aigü, plus que la saillie ou la ronde-bosse, façonnent un territoire bardé de métamorphoses irriguées par une fatalité revendiquée. 
							            Gérard XURIGUERA
    Nerveux  comme  des  Donatello ,  chargés jusqu’au  baroque  d'une  ironie vitale,  dominés  par l'étrangeté,  ciselés jusqu'à l'extrême raffinement,  et  pourtant  toujours  inachevés,  les   bronzes  de  Marc Touret,  manifestent  clairement  que  ce  sculpteur n'a pas fini d'explorer les chemins de son imagination. Elle est vertigineuse,
    Ce qui sort des mains de Marc Touret, ce dans quoi elles inscrivent ses tendresses quotidiennes, ses symboles, ses mythes, c'est la cire.    Utilisé tel qu'il est préparé, en feuilles, ce matériau donne en partie la clef de l'aspect de cette imagerie émouvante et mordante.
Marie SOLEM
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